Rentrée… scolaire des enseignants

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Nouvelle année scolaire qui commence : 3 trimestres qui peuvent être des plus agréables ou un véritable calvaire, selon les situations.Enseignants

Préparation de cours, aménagement des nouvelles orientations, préparation des épreuves, intégration du web 2.0, les challenges sont nombreux tous les ans et la journée de pré-rentrée ressemble à un regroupement d’avant-match. Mobilisation des enseignants et personnels éducatifs autour des directives du proviseur et du conseiller principal d’orientation. Les enseignants démarrent l’année scolaire par ce regroupement qui permet aussi de rassembler un collectif qui a rechargé des batteries qu’une année scolaire suffit à décharger et qu’un été peine à remplir. Le collectif des personnels éducatifs sera un appui tout au long de l’année pour les projets pédagogiques, sans oublier que les réunions de concertation sur les résultats scolaires de chaque classe ressemblent à une plénière de l’assemblée nationale, avec des orientations présagées pour chaque élève qui se heurtent à la vision d’un autre enseignant, en fonction de ses observations.

Une année scolaire nouvelle, des élèves pour la plupart déjà présents dans l’établissement l’an passé, des parents aussi. Une nouvelle année parfois chargée des à priori de l’an passé. Une année scolaire que chaque enseignant souhaite être couronnée de réussite pour ses élèves (la progression est une réussite en soi).

3 façons d’appréhender cette rentrée selon que vous êtes :

Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur les enseignants, le prochain article traitera des élèves, l’article précédent parlait des parents.

Enseignants (primaire, collège, lycée) avec les enfants avec les parents avec l’administration

Avec les enfants.

Oui, le but premier des enseignants est d’enseigner. Enseigner c’est un peu contraindre (dire comment les choses doivent être, comment les faire et comment les comprendre constitue des contraintes). Aux règles de chaque discipline  s’ajoutent les règles d’apprentissage transversales et de vie en société, ce qui donne un rôle de juge et de bourreau aux enseignants. Or les enfants, ne sachant pas qui ils sont, ce qu’ils veulent, et ce à quoi ils aspirent, supportent mal les jugements et les contraintes. Difficile exercice d’équilibre entre contrainte et acceptation des règles communes.

En classe, la « gestion » est très ritualisée. Le signal pour se mettre en condition pour rentrer (sonnerie, professeurs) – l’attente du silence – l’entrée en classe – les élèves s’asseyent – ils sortent leur matériel – l’appel a lieu – le cours commence. Les élèves, individuellement, arrivent avec un bagage relationnel qui leur est propre (ce qu’ils ont vécu auparavant les met dans une position où ils peuvent se dire, ça va être pareil), vous enseignants, êtes malgré tous vos efforts dans la même situation de départ.

Le cours commence, vous entrez dans votre rôle de transmission des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, ponctués par des moments de gestion du groupe, selon des séquences pédagogiques alternant l’oral, l’écrit l’implication. Rôle de transmission et rôle d’éducation… Médiateur, juge et bourreau. L’articulation est complexe.

En dehors de l’établissement

Le travail commencé en classe continue en dehors, parfois jusque tard le soir. Les parents prennent le relais et apportent leur touche à ce que vous avez tenté de transmettre. La relation parent-enfant vient dénaturer la façon dont vous avez transmis les savoirs, parfois avec bonheur, apportant une vision différente permettant de mieux appréhender, parfois maladroitement mais de bonne foi, complexifiant ce qui pose problème, ou cristallisant le savoir en même temps que la relation entre ces deux acteurs. L’élève, l’étudiant, est sous influence de lui même, de son environnement, et ce que vous avez mis en place est parfois balayé. Il en va de même pour tout le monde, chacun fait siennes les informations qu’il collecte et en fait ce qu’il peut. Le lâcher prise de l’enseignant sur ces phases d’apprentissage en dehors de l’école n’est pas un abandon, mais plutôt la compréhension que l’on ne peut pas tout maîtriser. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas échanger sur ces phases en dehors de l’enseignant pour qu’elle soit efficace pour l’élève.

Relations 

En classe, plusieurs types de relations se côtoient, à différents niveaux, l’équilibre entre chaque est précaire. Les attentes, selon la strate, seront différentes, et dans la même strate, différentes entre les différents acteurs.

Votre relation au groupe. Ici, il s’agit de gérer un groupe, des mouvements de foules, les alliances, les oppositions, les trahisons, les compromissions. Vous avez un public qui interagit avec vous, et qui est en attente d’autorité et en rejet d’autorité. Votre légitimité tient à votre capacité à reconnaître chacun pour ce qu’il est, sans juger. Votre relation au groupe tiendra à votre capacité à reconnaître chacun individuellement, votre relation à l’élève vient donc déminer une réponse générale qui ne peut que plaire à certains et déplaire aux autres. (sauf peut être une distribution de barres de chocolat, et encore, certains préféreront du chocolat au lait ou aux amandes… attentes différentes). De la même façon, les relations entre élèves pendant les cours viennent dénaturer les rapports, votre capacité à impliquer les élèves dans une posture non jugeante transformera conflits personnels en confrontations d’idées.

Avec les parents

Ils sont tous différents et tout comme vous, ils cherchent à ce que les choses se passent bien. Vous voilà dans une situation où en très peu de rencontres ou d’échanges vous allez devoir transmettre des informations et espérer l’implication des parents. Quelques mots sur un carnet de liaison, des réunions parents-profs, les bulletins scolaires avec vos observations ou remarques, tout ça est très peu. Les parents ont une vision de vous qui est filtrée par leur enfant, tout comme votre vision des parents est filtrée par les propos de l’enfant. Il me revient ici un outil que Socrate a largement diffuser sur la toile (ou en tout cas il le ferait aujourd’hui) les 3 passoires. La première passoire invite à vérifier l’information. Faites vous votre propre idée.

Avec l’établissement

Dans un établissement scolaire la  structure hiérarchique est lourde (au moins dans le public). Il y a l’établissement (la Mairie si c’est une école primaire ou maternelle, le département si c’est un collège ou de la région si c’est un lycée) l’académie et les directives nationales. Il y a donc plusieurs couches (comme un oignon) et chaque strate renvoie vers une responsabilité (envers l’élève, envers les parents, envers l’établissement, envers les personnels de l’établissement, envers l’académie, envers le ministère de l’éducation nationale)

Nous l’avons vu plus haut, l’enseignant a plusieurs casquettes qu’il doit maîtriser pour user à bon escient avec les élèves. Ces casquettes sont utiles dans les autres fonctions de l’enseignant. Les réunions parents-profs ou les conseils de classes, les conseils de discipline ont en commun une mise en contact avec des personnes, des personnalités, des façon de voir les choses qui divergent et pourtant il faut parvenir à un consensus. Dans le primaire il y partout en France des intervenants extérieurs qui viennent animer des activités péri-scolaire, qui peuvent être dans la continuité des activités scolaires, ce qui demande là aussi de la concertation.

Que dire de tous les personnels non enseignants qui œuvrent dans le établissements qui sont expliqués dans un article complet ici . Et bien tous ces rapports avec l’établissement scolaire sont basés sur les échanges. Je reçois de l’information, je la réfléchis, je la transmets

Mme Najat Valleau-Belkacem (Ministre de l’Education Nationale) souhaitait un rapprochement des parents et des professeurs le jour de la rentrée des enseignants. Coïncidence, non, c’est par soucis de cohérence éducative, ce qui est commencé dans nos murs doit se poursuivre à l’extérieur, et c’est avec le concours des parents que c’est possible.

Conclusion : les enseignants sont à la croisée des chemins, les alternatives sont nombreuses mais sont réduites par l’établissement, les parents et les enfants, et parfois par les enseignants eux-mêmes. Ces rapports, en tension et parfois sous tension, sont la démonstration de l’importance que chaque acteur donne à la réussite de l’enfant. L’enseignant sait, il connait les savoirs à transmettre, et leur formation tend de plus en plus à leur donner des outils pour savoir comment les transmettre. Ces outils se basent sur une discipline qui se nomme les sciences de l’éducation :

Depuis 1967, les sciences de l’éducation sont une discipline universitaire (section 70 du Conseil national des universités), elles rassemblent plusieurs centaines d’enseignants-chercheurs et couvrent un large spectre de spécialités et d’orientations théoriques (philosophie de l’éducation, psychologie et sociologie de l’éducation, éducation familiale, didactiques de disciplines, clinique d’orientation psychanalytique, modélisation, etc.) Source wikipédia

Ces sciences de l’éducation, pèle-mêle de discipline hétéroclites, peut aujourd’hui intégrer une modélisation des stratégies et interactions en communication (SIC®), pour cela, il faut une volonté politique et des échanges pour créer les conditions de rapprochement. Pour faire des enseignants les premiers acteurs de la prévention des conflits dans la société, la médiation professionnelle apporte l’approche rationnelle des relations humaines.

Enseignants : bonne rentrée, bonne année.

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