Rentrée scolaire : le droit à la médiation raconté à nos enfants

6
4900

5625605-8390751Les 3 organisations de la médiation professionnelle (EPMN, CPMN, ViaMediation) promeuvent « le droit à la médiation », c’est-à-dire que lorsqu’une personne souhaite engager une démarche contentieuse, elle a le devoir de proposer à la partie adverse qui ne peut le refuser d’organiser une médiation avec un médiateur professionnel. L’exercice de ce droit constitue une garantie de préserver la libre décision plutôt que d’aller se soumettre à un ensemble procédural et in fine à la décision d’un tiers.

Qu’est-ce que la reconnaissance de ce droit signifie très concrètement ?

Cela signifie un changement d’habitudes pour beaucoup de personnes qui se comportent de manière relativement soumises en allant chercher l’arbitrage, c’est-à-dire la décision d’un tiers quand elles sont confrontés à un différend avec autrui. Ca signifie aussi des changements profonds dans l’organisation sociale qui repose sur la référence à l’autorité de fonction, portant souvent un masque illusoire de compétences en matière de résolution des litiges et conflits.

Ca signifie que lorsqu’un conflit survient, chacun pourra faire valoir son droit à la médiation plutôt que d’aller soumettre le différend à une autorité d’arbitrage et de sanction, soit quelqu’un qui décide sur une question qui, en terme de cause, ne le concerne pas.

Le droit à la médiation dans le contrat de travail

Déjà, dans les entreprises, lorsqu’un affrontement empeste la vie, certaines personnes ne sachant plus comment s’y prendre, font appel à un supérieur. Ce dernier, au nom d’un savoir faire managérial hypothétique et d’une autorité de fonction sans fondement, se trouve à devoir trancher. C’est notamment dans ce type de circonstances, que le droit à la médiation peut s’exercer. Quel que soit le conflit, un médiateur professionnel doit pouvoir être au service des personnes, soit par la mise en place interne, soit en tant que prestataire externe, et il pourra être saisi par tout salarié. Pour une réalisation plus rapide qu’une promulgation, le droit à la médiation peut être écrit dans le contrat de travail. Ce processus a pour qualité de préserver la confidentialité des échanges et la publicité qui sera éventuellement faite sur l’accord sera décidée par les parties elles-mêmes. Ce processus sera visiblement très préventif pour tout ce qui est pointé aujourd’hui comme « Risques psycho-sociaux » et permettra plutôt de travailler ce que les médiateurs professionnels ont initiés, parce que c’est par nature l’objectif de leurs interventions : la qualité des relations.

Le droit à la médiation face au droit judiciaire

Le droit à la médiation est une priorité pour entrer dans le règlement des différends judiciarisés. Il est à peine esquissé par les textes de la directive européenne de 2008 qui a fait l’objet de transposition en France. Il est surtout à promouvoir auprès des élus pour être systématisé afin de rompre avec cette tradition de la référence à l’autorité. Ainsi, les personnes qui ont un différend pourront se faire aider non pas pour aller se soumettre à une décision, mais pour résoudre elles-mêmes le différend en question. Et là, ce n’est plus la même dynamique culturelle. La visée est de contribuer à la mise en place d’une société où l’homme n’est plus considéré comme un loup pour l’homme, où la référence n’est plus sécuritaire et autoritaire. La visée est de renforcer le développement d’une culture éthique, fondée sur l’altérité, c’est-à-dire d’une culture de responsabilité individuelle, de garantie des droits, de reconnaissance et d’intégration des différences.

Ce que les médiateurs professionnels ont engagé pour promouvoir ce nouveau droit 

collage-membres-juin13-1Pour soutenir cette démarche, les médiateurs professionnels, doté d’un Code d’éthique et de déontologie spécifique, le CODEOME, ont mis en place un manifeste pour le droit à la médiation sur www.mediateurs.pro Ce manifeste est encore évolutif. La version finale sera officiellement publiée lors du Symposium annuel de la médiation professionnelle en octobre.

Des responsables de structures de médiation ont pris position contre l’exercice de ce droit. Plus soucieux d’intérêts et d’enjeux ponctuels, ils ne suivent pas l’évolution de l’histoire et de nos civilisations. Nous invitons les membres de ces structures à réfléchir à l’intérêt du développement de la médiation préalable. Il s’agit du développement de la liberté de décision, laquelle ne peut qu’être nouvelle puisse qu’elle est liée au développement culturel et à l’épanouissement personnel ; il s’agit du développement de la profession de médiateur, lequel est logiquement lié à la reconnaissance de ce droit. Aller contre, c’est imposer un système lourd de « gestion des contentieux », c’est-à-dire de leur entretien aux bénéfices obscurs, plutôt que de soutenir une démarche de résolution des différends ; aller contre, c’est s’opposer à faire grandir la qualité relationnelle et la responsabilité individuelle.

Participez à nos débats.

N’hésitez pas à faire connaître et évoluer nos positions et les vôtres. Nous vous proposons de nous rejoindre le 18 octobre 2013, lors du grand évènement que nous organisons à la Bibliothèque nationale de France à Paris. Des magistrats interviendront, des représentants officiels de la police nationale, des entrepreneurs et de grands témoins de l’efficacité de la médiation obligatoire seront là pour vous montrer que l’idée n’est pas seulement une affaire théorique. Autant d’intervenants pour accompagner l’adoption de ce nouveau droit qui modifie les rapports à l’autorité et dont l’application impacte sur la vie en société et la conception de la citoyenneté ; c’est la vie en société des générations à venir que nous imaginons aujourd’hui. Mais c’est concrètement des changements profonds que nous expérimentons pour déjà améliorer les choses quand nos relations sont en cause.

Vous trouverez toutes les informations sur le Symposium de la médiation professionnelle sur www.mediateur.org ou vous pouvez appeler Aïcha Sangaré au +33 5 56 92 97 47

6 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
trackback

[…] c’est un processus auxquelles les personnes adhèrent, qu’elles soient venues en médiation par choix ou forcées (ça ne viendrait pas à l’esprit de demander à un enfant de 10 ans s’il veut aller à […]

Jean-Bruno Chantraine
10 années plus tôt

Cette question me vient : Et si le droit à la médiation s’installait dans notre pays et dans notre culture, que deviendraient nos instances judiciaires et notre regard sur la personne, d’ici 2020?

Jean-Louis Lascoux
10 années plus tôt

Te voilà très optimiste Jean-Bruno. Faisons un calcul. Les préoccupations sécuritaires gouvernementales n’offrent que de petites prises pour faire avancer le droit à la médiation. Il va filtrer, certes. Il va s’immiscer. Mais il faut trouver des porte-paroles politiques qui ne prêtent pas l’oreille aux sirènes de la complaisance et de la compromission. Allez, disons 2025… Partons pour une décennie 😉

Fabien Eon
Fabien Eon
10 années plus tôt

Sans oublier le droit à la médiation dans le milieu scolaire, en cette période de rentrée des classes.
Belle photo de classe, aussi, en une de cet article.

Jean-Louis Lascoux
10 années plus tôt
Reply to  Fabien Eon

Je trouve aussi que la photo de classe est sympathique. C’est vrai que je vais faire un rappel sur l’article lui-même 😉

Jean-Louis Lascoux
10 années plus tôt

Les médiateurs professionnels sont les acteurs de la promotion du « droit à la médiation ». Nous invitons tous les tiers, les autres médiateurs, les conciliateurs, les avocats, les consultants et tous les acteurs des ressources humaines à soutenir cette démarche de promotion de la médiation comme instrument au service de la liberté de décision et d’une évolution du pacte social vers la qualité relationnelle.